Les roches gravées de Montravail

Dimensions: Hauteur : 1,64 m ; longueur : 2,04 m ; largeur : 1,90 m.
Nomenclature: Roche A
Type: Pétroglyphe

Les roches gravées de Montravail

L’art rupestre, qui consiste à créer des motifs sur la roche naturelle, est une des plus anciennes formes d’expression graphique de l’Humanité. Attesté depuis plus de 40 000 ans, il a été pratiqué par des sociétés traditionnelles à travers le monde, jusqu’à l’époque contemporaine. Ses gravures (pétroglyphes) et peintures (pictogrammes) étaient généralement chargées d’un puissant symbolisme.

Aux Antilles, l’art rupestre représente un aspect important du patrimoine amérindien : on le trouve sur des dizaines ou peut-être des centaines de sites archéologiques de l’archipel. Deux de ces sites ont été documentés en Martinique : ceux de Montravail (Sainte-Luce), du Galion (La Trinité) . Le premier lieu est localisé près du sommet d’un morne, en bordure de la forêt de Montravail ; il offre une vue spectaculaire sur la côte sud de la Martinique et la mer des Caraïbes.

Le chaos de roches volcaniques de Montravail a révélé, sur une surface de 18 x 8 m, un ensemble de 5 blocs gravés de visages schématiques. Ces pétroglyphes, piquetés, épousent le relief naturel. La roche ornée principale (Bloc A) présente une douzaine de visages sur une grande face verticale qui semble avoir été quelque peu aménagée pour en faire une sorte de panneau ; ces motifs comprennent une figure à la bouche en trident, que l’on retrouve sur deux roches du Galion, à La Trinité, mais qui n’a été signalée nulle part ailleurs dans l’art rupestre antillais. En outre, certains blocs de Montravail comportent des « cupules » et des formes circulaires ou ovales légèrement concaves.

Les sondages archéologiques ouverts sur le site ont livré très peu de mobilier amérindien : des tessons de céramique, des outils en pierre qui ont manifestement servi à graver les roches et un petit morceau d’ocre rouge, qui suggère que les pétroglyphes étaient peints. Sur d’autres îles de la région, d’ailleurs, des traces de peinture ont été observées dans des gravures rupestres précolombiennes.

Apparemment, le site de Montravail était à l’écart de l’habitat précolonial : les gisements des établissements amérindiens connus les plus proches sont localisés à quelques kilomètres de là, sur la côte de Sainte-Luce. De fait, Montravail est un des rares sites archéologiques précolombiens de Martinique à avoir été découverts à l’intérieur de l’île… La céramique qui y a été mise au jour tend à montrer que l’art rupestre y a été pratiqué par les Saladoïdes au cours d’une phase allant de 350 à 700 après J.-C.

Originaire du bassin de l’Orénoque (Amérique du Sud), le peuple saladoïde, de langue arawakienne, s’est progressivement répandu dans l’arc antillais à partir du Ve siècle avant J.-C., diffusant dans les îles un mode de vie villageois, l’horticulture, l’usage de la céramique mais aussi des symboles et des croyances. Dans la culture saladoïde, l’art rupestre avait manifestement une fonction rituelle, mais son interprétation demeure très difficile. Que pouvaient bien représenter les visages gravés de Montravail et de tant d’autres sites précolombiens des Antilles ? Des esprits ? Des individus remarquables ? Quel pouvait être le symbolisme des motifs circulaires ou ovales ? Et à quoi pouvaient bien servir les « cupules » accompagnant parfois les pétroglyphes antillais ? Ces témoignages des roches sont entourés de mystère…

Sébastien PERROT-MINNOT

Las Rocas Grabadas de Montravail

El arte rupestre, que consiste en crear motivos en la roca natural, es una de las formas más antiguas de expresión gráfica de la humanidad. Evidenciado desde hace más de 40.000 años, ha sido practicado por sociedades tradicionales en todo el mundo hasta la época contemporánea. Sus grabados (petroglifos) y pinturas (pictogramas) estaban generalmente cargados de un poderoso simbolismo.

En el Caribe, el arte rupestre representa un aspecto importante del patrimonio amerindio: se encuentra en decenas o tal vez cientos de sitios arqueológicos en todo el archipiélago. Dos de estos sitios han sido documentados en Martinica: Montravail (Sainte-Luce) y Galion (La Trinité). El primero está ubicado cerca de la cima de una colina, al borde del bosque de Montravail, ofreciendo una vista espectacular de la costa sur de Martinica y el mar Caribe.

Las formaciones de rocas volcánicas de Montravail han revelado, en un área de 18 x 8 metros, una colección de cinco bloques grabados con rostros esquemáticos. Estos petroglifos, picados, siguen el relieve natural de la roca. La roca principal decorada (Bloque A) presenta una docena de rostros en una gran superficie vertical que parece haber sido algo modificada para crear una especie de panel; estos motivos incluyen una figura con una boca en forma de tridente, que también se encuentra en dos rocas de Galion, La Trinité, pero que no se ha reportado en ningún otro lugar del arte rupestre caribeño. Además, algunos bloques de Montravail presentan “cúpulas” y formas circulares u ovales ligeramente cóncavas.

Las prospecciones arqueológicas en el sitio han arrojado muy pocos artefactos amerindios: fragmentos de cerámica, herramientas de piedra que evidentemente se utilizaron para grabar las rocas y un pequeño trozo de ocre rojo, lo que sugiere que los petroglifos estaban pintados. En otras islas de la región, de hecho, se han observado rastros de pintura en grabados rupestres precolombinos.

Aparentemente, el sitio de Montravail estaba apartado de los asentamientos precolombinos: los yacimientos de los asentamientos amerindios más cercanos conocidos están ubicados a unos pocos kilómetros de distancia, en la costa de Sainte-Luce. De hecho, Montravail es uno de los pocos sitios arqueológicos precolombinos de Martinica descubiertos en el interior de la isla. La cerámica encontrada allí indica que el arte rupestre fue creado por el pueblo saladoide durante una fase que abarca del 350 al 700 d.C.

Originario de la cuenca del Orinoco (Sudamérica), el pueblo saladoide, que hablaba una lengua arawak, se expandió gradualmente por el arco antillano desde el siglo V a.C., difundiendo en las islas un estilo de vida de aldeas, la horticultura, el uso de la cerámica, así como símbolos y creencias. En la cultura saladoide, el arte rupestre aparentemente tenía una función ritual, pero su interpretación sigue siendo muy difícil. ¿Qué podrían representar los rostros grabados en Montravail y en tantos otros sitios precolombinos del Caribe? ¿Espíritus? ¿Individuos notables? ¿Cuál podría ser el simbolismo de los motivos circulares u ovales? ¿Y cuál podría ser el propósito de las “cúpulas” que a veces acompañan a los petroglifos caribeños? Estos testimonios en las rocas están rodeados de misterio…

Sébastien PERROT-MINNOT

The Engraved Rocks of Montravail

Rock art, which involves creating motifs on natural rock, is one of the oldest forms of human graphic expression. Evidenced for over 40,000 years, it has been practiced by traditional societies worldwide up to contemporary times. These engravings (petroglyphs) and paintings (pictograms) were generally laden with powerful symbolism.

In the Caribbean, rock art represents an important aspect of Amerindian heritage: it is found on dozens or perhaps hundreds of archaeological sites throughout the archipelago. Two such sites have been documented in Martinique: Montravail (Sainte-Luce) and Galion (La Trinité). The former is located near the summit of a hill, at the edge of the Montravail forest, offering a spectacular view of Martinique’s southern coast and the Caribbean Sea.

The volcanic rock formations of Montravail have revealed, over an area of 18 x 8 meters, a collection of five blocks engraved with schematic faces. These pecked petroglyphs follow the natural relief of the rock. The main decorated rock (Block A) features a dozen faces on a large vertical surface that seems to have been somewhat modified to create a sort of panel; these motifs include a figure with a trident-shaped mouth, which is also found on two rocks at Galion, La Trinité, but is not reported elsewhere in Caribbean rock art. Additionally, some Montravail blocks feature “cupules” and slightly concave circular or oval shapes.

Archaeological surveys at the site have yielded very few Amerindian artifacts: pottery shards, stone tools that were evidently used to engrave the rocks, and a small piece of red ocher, suggesting the petroglyphs were painted. On other islands in the region, traces of paint have indeed been observed on pre-Columbian rock engravings.

Apparently, the Montravail site was away from pre-Columbian habitation areas: the nearest known Amerindian settlements are located a few kilometers away, on the coast of Sainte-Luce. In fact, Montravail is one of the few pre-Columbian archaeological sites in Martinique discovered inland. The pottery found there indicates that the rock art was created by the Saladoid people during a phase spanning from 350 to 700 AD.

Originating from the Orinoco basin (South America), the Saladoid people, speaking an Arawak language, gradually spread through the Antilles from the 5th century BC, bringing to the islands a village lifestyle, horticulture, the use of ceramics, as well as symbols and beliefs. In Saladoid culture, rock art apparently had a ritual function, but its interpretation remains very challenging. What could the engraved faces at Montravail and many other pre-Columbian sites in the Caribbean represent? Spirits? Notable individuals? What could be the symbolism of the circular or oval motifs? And what could be the purpose of the “cupules” sometimes accompanying Caribbean petroglyphs? These rock testimonies are shrouded in mystery…

Sébastien PERROT-MINNOT

Die Gravierten Felsen von Montravail

Felskunst, die darin besteht, Motive auf natürlichem Fels zu schaffen, ist eine der ältesten Formen grafischen Ausdrucks der Menschheit. Seit mehr als 40.000 Jahren bezeugt, wurde sie von traditionellen Gesellschaften weltweit bis in die heutige Zeit praktiziert. Diese Gravuren (Petroglyphen) und Malereien (Piktogramme) waren in der Regel mit starkem Symbolismus beladen.

In der Karibik stellt die Felskunst einen wichtigen Aspekt des amerindischen Erbes dar: Sie findet sich auf Dutzenden oder vielleicht Hunderten von archäologischen Stätten im gesamten Archipel. Zwei dieser Stätten wurden in Martinique dokumentiert: Montravail (Sainte-Luce) und Galion (La Trinité). Erstere befindet sich in der Nähe des Gipfels eines Hügels, am Rande des Montravail-Waldes und bietet einen spektakulären Blick auf die Südküste von Martinique und das Karibische Meer.

Die vulkanischen Felsformationen von Montravail haben auf einer Fläche von 18 x 8 Metern eine Sammlung von fünf Blöcken mit eingravierten schematischen Gesichtern enthüllt. Diese gepickten Petroglyphen folgen dem natürlichen Relief des Felsens. Der Hauptverzierte Felsen (Block A) zeigt ein Dutzend Gesichter auf einer großen vertikalen Fläche, die anscheinend etwas modifiziert wurde, um eine Art Tafel zu schaffen; diese Motive umfassen eine Figur mit einem dreizackigen Mund, die auch auf zwei Felsen bei Galion, La Trinité, gefunden wurde, jedoch nirgendwo sonst in der karibischen Felskunst gemeldet wurde. Darüber hinaus weisen einige Montravail-Blöcke „Schälchen“ und leicht konkave kreisförmige oder ovale Formen auf.

Archäologische Untersuchungen an der Stätte haben nur sehr wenige amerindische Artefakte ergeben: Keramikscherben, Steingeräte, die offensichtlich zum Gravieren der Felsen verwendet wurden, und ein kleines Stück roter Ocker, was darauf hindeutet, dass die Petroglyphen bemalt waren. Auf anderen Inseln der Region wurden tatsächlich Farbreste auf präkolumbischen Felsgravuren beobachtet.

Anscheinend lag die Stätte von Montravail abseits der präkolumbischen Siedlungen: Die nächsten bekannten Amerindianischen Siedlungsstätten befinden sich einige Kilometer entfernt an der Küste von Sainte-Luce. Tatsächlich ist Montravail eine der wenigen präkolumbischen archäologischen Stätten in Martinique, die im Landesinneren entdeckt wurden. Die dort gefundenen Keramiken deuten darauf hin, dass die Felskunst von den Saladoiden in einer Phase zwischen 350 und 700 n. Chr. praktiziert wurde.

Ursprünglich aus dem Orinoco-Becken (Südamerika) stammend, verbreitete sich das saladoide Volk, das eine arawakische Sprache sprach, allmählich ab dem 5. Jahrhundert v. Chr. im Antillenbogen und brachte ein dörfliches Leben, Gartenbau, die Verwendung von Keramik sowie Symbole und Glaubensvorstellungen auf die Inseln. In der saladoiden Kultur hatte die Felskunst anscheinend eine rituelle Funktion, aber ihre Interpretation bleibt sehr schwierig. Was könnten die eingravierten Gesichter von Montravail und vielen anderen präkolumbischen Stätten in der Karibik darstellen? Geister? Bedeutende Individuen? Was könnte die Symbolik der kreisförmigen oder ovalen Motive sein? Und welchem Zweck könnten die „Schälchen“ dienen, die manchmal karibische Petroglyphen begleiten? Diese Zeugnisse in den Felsen sind von Geheimnissen umgeben…

Sébastien PERROT-MINNOT

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Découvrez un une mise en voix

Texte : Sébastien PERROT-MINNOT
Mise en voix
: Françoise DÔ.
Enregistrement : Studio Raggioli

Podcast : “Archéologie Caraïbe – Mystères des Roches Gravées de Montravail”
Suivez l’expert S. Perrot-Minnot dans cette exploration fascinante des pétroglyphes de Montravail en Martinique.

Découvrez trésors archéologiques et l’importance de préserver ce patrimoine.

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